Tout Ouïe, festival itinérant autour du son, du 22 au 26 juin 2011 à Tours
Catégorie : Autres événements
Si le cinéma documentaire regarde le monde, on oublie trop souvent qu’il est possible de regarder ce dernier avec les oreilles !
Avec ce festival, Sans Canal Fixe aborde la question du son et de l’écriture sonore.
En effet, si le son est souvent considéré comme le parent pauvre du cinéma, certains réalisateurs lui donnent au contraire, une place particulière et l’envisagent une écriture à part entière.
Nous proposons ainsi une programmation où les films seront tout autant à regarder qu’à écouter. Nous avons souhaité approcher cette question du son au delà du cinéma en proposant également des temps purement dédiés à l’écoute.
À l’arrivée, une programmation éclectique pour aborder le son dans son rapport à l’image et à l’espace : Des projections de films, une conférence illustrée et des écoutes de documentaires sonores, 5 jours / 5 lieux. Des manifestations en salle et en plein air, Des formes d’écoute : assis, allongé sur des chaises longues, ou en marchant.
Mercredi 22 juin / 20h – Projection au Carré Davidson
Les saisons, un film de Artavazd Pelechian
Arménie – 1972 – 30′
Peut-être l’un des plus beau film du cinéaste, c’est en tout cas celui qui assure aujourd’hui une reconnaissance internationale. Les saisons, est un très beau poème où les moments déterminants de l’histoire arménienne sont évoqués, en une vaste parabole, depuis les origines volcaniques jusqu’à la période industrielle. Mais au-delà de cette symbolique où l’on peut lire aussi l’histoire des migrations du peuple arménien, demeurent des séquences étonnantes et inoubliables : l’inertie lente et aventureuse d’une transhumance, des corps en apesanteur, comme passant, infiniment, par-dessus les terres, ou par-dessus les flots, méprisant tous les ancrages, une vision ludique, apaisée, de la moisson et de la fenaison, et ce rythme, surtout, ce rythme qui nourrit l’émotion, sans discours et sans commentaire, et qui fait de toute épreuve le témoignage d’un humanisme salutaire et sublime.
Landscape, un film de Sergueî Loznitsa
Allemagne / Russie – 2003 – 60′
Le film s’ouvre sur une série de plans lents et réguliers balayant la campagne russe. Puis, un bourg et un arrêt d’autobus où les gens attendent. Maintenant des visages durs, fermés, crispés par le froid. Sur ces images « muettes », Loznitsa pose sa bande son, construite indépendamment de l’image, comme une partition musicale, constituée de bribes de conversations. Un poème visuel méditatif d’où peut parfois naître, entre l’image et le son, de mystérieuses correspondances.
Jeudi 23 juin / 21h – Déambulation au Jardin Botanique
Sans Canal Fixe propose une déambulations dans les allées du jardin botanique en écoutant, au casque, une création sonore issue d’une carte blanche SCF à __À Bout de souffle__.
Bobby, une création À Bout de souffle – 2011 – 60′
Cette création doit son sujet au lieu de déambulation. Bobby n’est autre que le fameux phoque, ancien habitant du jardin botanique. La pièce tourne autour de l’histoire muette de l’animal qui se mêle à toutes les histoires. Une histoire qui se tisse à travers ce phoque et charrie toutes sortes de voix. Bobby est la forme passagère de ce que nous n’entendons pas.
Diffusion en partenariat et sur les ondes de Radio Béton. Radio portable et port du casque obligatoire – venir équipé ou nous contacter . Réservation fortement conseillée / jauge limitée
Vendredi 24 juin / 22h – Projection en plein air à l’école Velpeau
Anthem, un film de Bill Viola – États-Unis – 1983 – 11′
Cette pièce de Bill Viola, l’un des pionniers de l’art vidéo, est une réflexion sur l’homme et le matérialisme. Elle est construite autour d’une variation autour d’un son, qui va venir emplir le cadre d’autres images.
Notre pain quotidien, un film de Nikolaus Geyrhalter – Autriche – 2006 – 92′
Nicolas Geyrhalter se dit « fasciné par les espaces que les gens ne sont pas normalement amenés à voir ». Il choisit ici de présenter les hauts lieux de l’industrie agro-alimentaire en Europe. Que reste t-il de l’industrie lorsqu’on la prive de discours, lorsqu’on la montre telle quelle ? Il transforme les paysages agricoles industriels en une véritable œuvre plastique, hypnotique et troublante. Une mécanique qui nous rappelle Les temps modernes de Chaplin. Notre pain quotidien en serait le double contemporain, rythmé par les gestes des travailleurs, les bruits des machines et les cris des animaux.
Samedi 25 juin / 14h30 – 18h30 / Conférence au Petit Faucheux
Entendre le cinéma
Conférence illustrée de Daniel Deshays avec entre autres des extraits de films de Fritz Lang, Jacques Tati, Jean Rouch et Chris Maker.
« L’oubli généralisé du son finit par nous interroger. Le son est la conséquence d’un acte qui a eu lieu. Il occupe dans le réel une place d’événement complémentaire. Résonance de tout mouvement, il disparaît à notre conscience en un événement global, dans une fusion mouvement/son. Ce synchronisme qui unit son/image serait-il la raison première de cette disparition ? Comment donc faire apparaître le sonore à notre conscience ? C’est la question que l’on se pose au sortir de la projection, dans ce moment ou rien ne reste en notre mémoire. cette absence doit être également constatée dans la part qu’on lui accorde au cœur même de l’écriture filmique. Là, le son n’est pas pensé comme élément en soi, à partir duquel on pourrait construire, mais comme sonore contingent d’une situation : le son du direct, voir même de son bruitage. Si la pratique se contente de cela, c’est que ces protocoles arrivent trop tard pour faire entrer plus fondamentalement la question du sonore dans l’écriture cinématographique. Pourtant, de temps en temps, et pour des raisons souvent spécifique à un film, le son apparaît comme une place véritable, fortement audible. C’est à partir d’extraits de films que la question de cette place, du sonore sera posée, dans les trois territoires sonores qui le constituent : les voix, les musiques et les bruits. »
Samedi 25 juin / 21h – Projection au Petit Faucheux
Le geste sonore, séance consacrée au cinéma de Johan van der Keuken
« Dans le triptyque qu’il consacre à l’œuvre du peintre et poète hollandais Lucebert, la liberté de van der Keuken nous étonne. Suivant la démarche de l’artiste, il active tant par l’image que par le son l’à-plat des images et les espaces extérieurs qui entremêlent leurs couleurs. La confiance mise dans la musique de son temps n’a d’égal que celle qu’il porte aux sons. Si c’est dans le son direct qu’il puise ses énergies, ici les sons se libèrent des liens synchroniques. Dans une autonomie toujours attentive, le geste qui s’adresse tour à tour à l’œil ou à l’oreille domine la toile. Johan van der Keuken nous trace un chemin dans la stratification associée des sons et des images ».
Hermann Slobbe, l’enfant aveugle n°2
Pays-bas – 1966 – 29′
johan van der keuken a réalisé un premier film de 30 minutes dans une institution d’enfants aveugles. Au cours du tournage, il remarque Hermann Slobbe auquel il consacre un deuxième film. La forte personnalité d’Hermann se double d’un rapport exceptionnel à la jouissance. Les aveugles apparaissent souvent comme des être introvertis, celui-ci s’éclate en permanence que ce soit dans une recherche sonore éperdue ou dans d’autres challenges. En bon cinéaste, Johan van der Keuken intègre la force d’un tel désir : Herman devient le reporter du film, change de rôle, n’est plus objet. Mais un autre sujet – des événements politiques graves – sollicite le cinéaste. Il s’adresse à Herman « un adieu, charmante petite forme » et passe déjà concrètement aux premières images de son prochain documentaire.
Lucebert, temps et adieu
Pays-bas – 1994 – 52′
Fasciné depuis toujours par l’art de Lucebert (1924 – 1994), l’un des poètes les plus influents de la littérature néerlandaise, également artiste visuel, Johan ven der Keuken lui a consacré trois courts métrages en 1962, en 1967 et en 1994. Ce triptyque est réuni en un seul film dont le dernier volet a été tourné dans l’atelier de Lucebert peu après sa mort.
Temps et travail
Pays-bas – 1999 – 11′
Ce film est un objet filmique, ludique et expérimental. À partir d’image de ses précédents films, van der Keuken y montre les geste répétitifs typiques de toutes sortes d’activités laborieuses rurales, artisanales ou industrielles dans des contextes géographiques complètement différents.
Dimanche 26 juin / 18h – Documentaires sonores sur l’Ile Simon
Un mouton à vélo, un reportage d’Aline Chambras
Mise en ondes et mix : Charlie Marcelet – production ARTE radio.com – 5′
Depuis plusieurs années, un homme parcourt les rues de Paris à vélo… et en bêlant rès fort ! Surnommé le « vélo-mouton » ou « Monsieur Bêê » par les passants, acclamé ou hué depuis le trottoir, il est une présence sonore familière et mystérieuse du nord-est de la capitale. Qui est-il ? Que veut-il ? Rencontre avec Fréderic Atlan, l’homme qui bêle en pédalant.
Les bergers, un documentaire de Robin Hunziger
Prise de son : Susan Erkalp – Mix : Christophe Ruault – production ARTE radio.com – 19’58
Francis est berger de haute montagne en Ariège, dans les Pyrénées. Estelle est sa jeune stagiaire venue apprendre auprès de lui un métier et une passion. Entre l’ermite bourru et la jeune fille, les échanges sont triviaux, complices, poétiques et taquins… Il faut se lever tôt, se laver à l’eau froide, partir loin dans la montagne ; personne ne songe à se plaindre. Moutons, clochettes et solitude : un grand bol d’air frisé.
L’odyssée d’Elias, un documentaire de Claire Hauter
Mise en ondes et mix : Arnaud Forest – production ARTE radio.com – 18’45
Le cœur endommagé. Pourquoi les hommes quittent-ils leur terre natale, pourquoi s’embarquent-ils sur les mers ? De quoi sont faits leurs rêves ? Elias le Grec apporte une réponse en forme d’Odysée. À 8 ans, il échappe à un destin de berger sur une île des Cyclades. Pour survivre à une déficience cardiaque, il lui faut partir pour la France. Mais Elias reste un homme des îles, bercé par la musique, la poésie et la séduction.
Pêche au son, une création de Marie-Hélène Bernard
Mise en onde et mix : Arnaud Forest – production ARTE Radio.com – 5’30
La pêche est un art de patience. Au son comme à la moule, la pêche exige de la patience et du savoir-faire. démonstration dans le vieux-port de Marseille un jour de mistral.
Manifeste radio, une création de Christophe Rault.
Réalisation et mix : Christophe Rault – production ARTE radio.com – 5’11
Notre manifeste électro pour le « mois de la radio » au Glaz’art. En avril 2003, ARTE Radio est partenaire du « Mois de la radio et de l’underground » au Glaz’art, chouette salle pop de Paris-La Villette. Le jeudi 24, l’équipe d’arte radio était présente pour la soirée du label électro anglais Ninja Tune.
Informations pratiques
Adresses des lieux du festival :
Carré Davidson – 52 rue Georges Sand
Jardin Botanique – entrée boulevard Tonnellé, face à l’entrée de l’hôpital
École Velpeau – accès par la rue Deslande
Petit Faucheux – 12 rue Léonard Vinci
île Simon – accès par le pont Napoléon
Pour les manifestations en plein air, un lieu de repli est prévu en cas d’intempéries.
Tarifs : Participation libre.
Renseignements / réservations
02 47 05 24 78 / contact@sanscanalfixe.org