Sans Canal Fixe Sa Toile au Volapük, du 7 au 12 novembre 2011 à Tours
Catégorie : Autres événements
Avec cette nouvelle édition, Sans Canal Fixe propose un festival à la programmation éclectique, sans thématique particulière, simplement des films documentaires qu’on aime.
Cependant à bien y regarder, on y trouve en filigrane, un questionnement sur l’art et la représentation. En ouverture, un happening cinématographique de et avec Pierre Merejkowsky. Il y questionne les cadres : celui de la normalité, du cinéma, du rapport amoureux, du militantisme, du fonctionnement du monde.
De la nécessité au plaisir, de l’effort au jeu, le programme Courts de danse questionne cette discipline dans ses paradoxes. De son côté, Françoise Poulin-Jacob nous invite à regarder une ville comme une oeuvre d’art, un objet fantasmatique. Dans Voir ce que devient l’ombre, deux artistes se livrent avec grâce et pudeur.
Enfin, les deux derniers films ont en commun d’être composés de fragments d’autres films. Éric Pauwels rêve de tous les films qu’il voudrait faire et nous livre des bribes de films en devenir, et à l’inverse, Claudio Pazienza, travaille au présent des images du passé.
Lundi 7 novembre / 20h30 – en présence du réalisateur
Moi, autobiographie 16ème version, un film de Pierre Merejkowsky
(France – 2010 – 58 minutes)
Ce film est une fiction de Pierre Merejkowsky avec Merej. C’est aussi un docuementaire de Merej sur Merejkowsky. C’est enfin un happening cinématographique de Pierre avec et sur Merej.
» Je joue dans mes films depuis vingt-cinq ans. Ce sont des films dans lesquels j’incarne mon militantisme. Pour ce film, je me propose d’aller au bout de ma démarche en donnant toute sa vie au personnage que je suis devenu. Je jouerai donc un rôle, le mien. Mes films n’ont jamais été séparés de ma vie. Ils en sont une extension. Parce que le monde tel qu’il est m’est insupportable, faire des films ou écrire me permet de faire basculer le monde dans un autre monde. Mon personnage épouse mes thèses, mais il me permet d’en rire. Mon personnage prête à rire, son physique, sa maladresse, son bégaiement mais aussi son opiniâtreté, ses contradictions, sa surenchère permanente. Mon personnage est contre tout, y compris lui-même, mais il est aussi porteur d’une utopie et portée par elle. Malgré les difficultés du quotidien, la difficulté d’être cohérent, l’utopie reste belle. » (Pierre Merejkowsky)
Depuis une dizaine d’années, Merej vient nous rendre visite avec ses films. A moins que ce soit nous qui lui rendions visite dans ses films?
Mardi 8 novembre / 20h30
Courts de danse
Un programme de films courts mêlant des propositions variées tant du point de vue chorégraphique que cinématographique.
52%, un film de Rafal Skalski
(Pologne – 2007 – 20 minutes)
Devenir danseuse de ballet de l’académie de Saint-Petersbourg.
Dancing taipei, un film de Jean-Robert Thomann
(France – 2009 – 14 min)
24 heures à Teipei sous l’angle des habitants qui dansent.
Le bassin, un film de Philippe Saire
(Suisse – 2008 – 96 minutes)
Trois danseurs et un bassin dans un jardin abandonné d’une ville.
Nora, un film de Alla Kovgan et David Hilton
(États-Unis – 2008 – 35 min)
Le parcours de la danseuse Nora raconté par ses chorégraphies.
La boule d’or, un film de Bruno Delville
(Suisse – 2008 – 15 minutes)
Les gestes des joueurs de pétanque transformés en chorégraphie.
Mercredi 9 novembre / 20h30
en présence de la réalisatrice
Je vous écris du Havre, un film de Françoise Poulin-Jacob
(France – 2011 – 52 minutes)
Septembre 44. En quelques jours, des bombardements anéantissent le centre du Havre. À partir de 1948, une équipe d’architectes et d’urbanistes entreprend de reconstruire la ville. Comment reconstruire quand tout est perdu ? A quoi pense l’architecte devant un champ de ruines ? Qu’est ce qu’une ville « idéale » ? Cette modernité imposée, qu’est-elle devenue ? En 2005, Le Havre est classé au Patrimoine Mondial de l’Unesco. Les rues du Havre, ses avenues, ses immeubles, ses commerces, ont le goût de mon enfance. Au Havre, un « je ne sais quoi » n’a pas vieilli, ne s’est pas dénaturé, s’est figé dans le temps. Est-ce la jeunesse de cette ville, fleuron de la Reconstruction et des Trente Glorieuses ? Est-ce le génie d’Auguste Perret qui a voulu construire la ville Idéale ? Est-ce sa musicalité à tous égards ? Ce film est une invitation au(x) voyage(s) dans le temps, dans la ville, dans l’enfance. » (Françoise Poulin-Jacob)
Jeudi 10 novembre / 20h30
en présence de Daniela de Felice, monteuse
Voir ce que devient l’ombre, un film de Matthieu Chatellier.
(France – 2010 – 89 minutes)
Deux corps se déplacent dans la pénombre, entre les sources de lumière de cette maison de campagne. Dans l’atelier, les œuvres singulières naissent sous le burin et la plume de Fred Deux et Cécile Reims, deux artistes majeurs qui ont traversé le siècle et survécu à ses horreurs. Impressionnée par la puissance et le grand âge de ces deux personnages, le réalisateurs les filme comme un enfant, avec tendresse et une attention presque sacrée. Dans l’intimité de ce huis-clos, on assiste à la genèse des œuvres, à leur mouvement. Matthieu Chatellier raconte le moment particulier qu’ils sont en train de vivre, celui d’une transmission et d’une dépossession, d’interrogations sur l’après, et enfin de la vieillesse, bien sûr. Cécile Reims dit à un moment : « Dans l’art, on est dans le face à face avec soi ».
Vendredi 11 novembre / 20h30
Les films rêvés, un film de Éric Pauwels
(Belgique – 2009 – 180 minutes)
Les films rêvés, c’est l’histoire d’un homme qui se retire dans la cabane au fond de son jardin. De là, il reçoit des images d’un ami parti en mer, regarde des cartes, reçoit son voisin. Au gré des saisons, il s’abandonne aux voyages, ces voyages que l’on fait autour d’une chambre, en compagnie de souvenirs et d’objets amis. Et surtout, il rêve. Il rêve qu’il fait un film qui contiendrait tous les films qu’il a rêvé de faire. Et tous les voyages. Et chacun de ses rêves est un film, un film rêvé.
Évidemment, cette cabane bleue au fond d’un jardin renvoie à un imaginaire enfantin, aux récits que l’on porte depuis le plus jeune âge. Le film est ainsi un va et vient entre l’imaginaire du cinéaste et celui du spectateur, entre l’ici et l’ailleurs.
Et comme Éric Pauwels situe son cinéma comme un art de la rencontre, l’invitation à prendre place dans le film devient une invitation à prendre place dans le monde.
« Et prenant pied sur cette carte des films rêvés par Éric Pauwels, succombant à l’appel du grand large, du haut chemin, voire du bout du monde, redevenus pour l’heure enfant, chien, esprit, car les histoires captivent les enfants, font sourire les chiens, et parlent aux esprits, rien n’est plus simple alors que de faire un pas en sa compagnie pour le plus merveilleux des voyages, celui qu’ensemble nous serons seul à faire et tellement à partager ». (Philippe Simon)
Samedi 12 novembre / 20h30
Archipels nitrate, un film de Claudio Pazienza
(Belgique – 2009 – 62 minutes)
Archipels nitrate rend hommage à la cinémathèque Royale de Belgique, aujourd’hui Cinematek. Une véritable plongée au cœur d’images rares sélectionnées parmi ces films précieusement conservés, que des mains expertes restaurent en coulisses pour leur redonner vie. C’est aussi une plongée dans les souvenirs cinéphiles du réalisateur : « Des images. Avec ou sans sons. Parfois intactes, d’autres fois rayées, virées, presque effacées. Des images par milliers qui reviennent à l’esprit de manière sauvage et incontrôlable. Et sur cet écran-là, des éclats du monde, une idée de l’Histoire, de la beauté. Sur cet écran-là, une part congrue d’humanité. Je suis ce que j’ai vu, dixit Matisse. Mais toutes les images vues ne demeurent pas intactes. Et encore moins l’image de soi. Les temps les traverse, les abîme, les martyrise. Et ce délicat épiderme – le nitrate – en est le symptôme. Archipels nitrate parle de cinéma et de temps sous la forme d’une partition visuelle et fait coexister une centaine de films au sein d’un seul et même. »
Informations pratiques :
Lieux du festival : Le Volapük – 12 rue Lobin à Tours
Pour ce festival, Sans Canal Fixe est accueilli au Volapük par l’association VPK. Du langage à la voix, à l’écriture et au corps, VPK cherche à faire entendre certaines voix, celles d’artistes qui usent d’une langue nécessairement singulière, c’est-à-dire propre à révéler, à percer, à inventer le réel contemporain.
Renseignements – réservations : 02 47 05 24 78 / contact@sanscanalfixe.org / www.sanscanalfixe.org
Sans Canal Fixe est soutenu par la ville de Tours, la DRAC Centre, la Région Centre et le Conseil Général d’Indre et Loire.
Cette manifestation bénéficie du soutien de Centre Images, de l’association VPK, du festival Rayons Frais, de Documentaire sur Grand Écran et s’inscrit dans le cadre du Mois du Film Documentaire, 12ème édition.