Accueil en résidence
Depuis 2001, Sans Canal Fixe n’a cessé de développer des ateliers de réalisation. Ce sont plus d’une trentaine de films (courts et longs-métrages cumulés) qui ont été réalisés et montrés avec en amont un travail et une réflexion sur les images et le langage cinématographique.
Cette expérience ainsi que la demande constante de mise en place d’ateliers orientés sur le cinéma documentaire qui nous est adressé, nous conforte dans l’idée que l’éducation aux images à travers la découverte du cinéma répond aujourd’hui à une réelle nécessite sociale, culturelle et artistique.
Aussi, c’est une évidence pour nous de continuer à développer des ateliers de réalisation et d’ouvrir cette expérience à un public plus large et le plus divers possible.
Cependant, l’atelier demeure une expérience collective, ce qui induit une démarche de réalisation très particulière où les envies, les idées, les points de vue et les sensibilités personnelles doivent cohabiter avec d’autres pour finir par trouver un territoire commun, le film.
Le principe de la résidence est de permettre d’accueillir un projet plus personnel, qui va s’enrichir d’une collaboration en binôme réalisateur-résident. Des réalisateurs de SCF accompagnent les différents projets du début à la fin, de la phase d’écriture à celle du montage pour terminer, bien entendu, par la projection publique des films.
Projets accueillis par Sans Canal Fixe entre 2007 et 2012 :
Le Forum des rêves d’Olivier Bosson (2012) | Intervenants : Maud Martin et Franck Wolff
Le principe : Dans cette fiction, on peut enregistrer ses rêves directement sur son téléphone, sous forme de fichiers vidéo. On peut donc les consulter, les partager, les publier, les commenter : c’est précisément l’objet du Forum des Rêves.
Le Forum des Rêves est donc un site communautaire d’échange, de partage de rêves. Les contributeurs publient leurs rêves via leur mobile et discutent via leur cam.
Au programme : Les Rêves d’abondance, Rêves de personnes mortes, Rêves de tuyauterie, Rêves d’optimistes et rêves de pessimistes, mais aussi des Cauchemars, des Rêves techniques, sensuels, des Rêves de foules qui regrouperont des dizaines de personnes.
Une fois les vidéos mises en ligne, le site s’ouvrira aux contributions vidéo des internautes.
Durée : 10 épisodes de 15 minutes
Tournages : une quinzaine de tournages en résidences
Participants : 20 par épisode, 200 au total
Diffusion : site web dédié, projection CM, épisodes TV, exposition en version install
Création Site : Complexe.net
Production : offre spéciale
Pour que le forum ait une belle ampleur géographique et sociale, la réalisation implique de nombreux partenaires en France et dans les alentours francophones, qui accueillent des tournages participatifs, à l’occasion de courtes résidences, de 5 à 15 jours. Les tournages sont largement ouverts au public puisque les comédiens sont des amateurs recrutés sur place lors de grands castings.
ok :
– à Tours (Sans Canal Fixe + le pOlau),
– à Dunkerque (Fructôse + LaPiscine Service Culture),
– à St-Nazaire et Nantes avec les Films du Camion et la Boîte carrée,
– à Paris (Université Paris8 et L’entrepriseculturelle),
– à Montpellier (ESBAMA + Kawenga + Université Paul Valéry),
– au Luxembourg à Esch/ Alzette (D’Konschtkëscht),
– au Canada à Toronto (Elegoa + Jamii + Le Labo + Consulat de France)
– au Maroc à Casablanca (Institut Français + Ville de Nantes + Atelier de la Source du Lion)
en cours :
– à Lyon (Centre d’arts plastiques de Vénissieux + ENSBA Lyon),
– à Caen (Ecole d’Art + Université Arts de la Scène + Campus)
– à St Denis et aux Lilas (Univ. Paris 8 + Khiasma)
– à Saint-Etienne (LMDB + ville de Saint- Etienne)
– à Lausanne et à Liège
Pour plus de renseignements : la page consacrée au Forum des Rêves sur le site internet d’Olivier Bosson
Pas de demi-saison de Karine Dorne | Intervenant : Yvan Petit
» Il y a longtemps, du temps de mon enfance, j’ai eu un frère adoptif, un frère adopté. Ce frère est mon fantôme, sans images, sans passé. Il ne reste de lui que quelques images mentales et des chemins arpentés ensemble, puis en solitaire. Depuis longtemps, depuis la fin de l’enfance, j’essaie de donner corps à son absence. Des journaux intimes rédigés à l’adolescence aux nouvelles déclinées en différentes versions du même thème obsédant, en passant par les ébauches de romans, je n’ai cessé d’écrire sa disparition, d’écrire son fantôme, de lui donner vie. Il a arpenté ma vie. Des rares photographies que j’ai conservées de lui aux clichés pris de notre maison d’enfance, de sa tombe à notre ville, de sa disparition à mon deuil.
Je ne filme pas. J’ai des amis qui filment. J’ai un ami qui filme.
Depuis longtemps, ils font des films. Ils font des images et montrent le monde à leur façon. Pour chaque film achevé, des images restent dans l’ombre. Les absentes pour le spectateur, les absentes au regard et pourtant vivaces. Un jour, j’ai proposé à l’un deux de m’emparer de ces images cachées et de les montrer. Me servir de ces images pour dire l’absence. Mon absence intime. Devant mes yeux défilent des images de ma ville, des images d’un temps d’avant, des images de foules, de gestes, des bribes de discours. Dans chacune de ces parcelles, je recherche mon fantôme, une silhouette, une présence. Je me cherche aussi. J’imagine un film où les images évoquent mon frère, un film qui retrace sa vie et la mienne, en parallèle et en filigrane.
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Moi, je sais courir d’Eric Tellitocci | Intervenants : Yvan Petit et Brice Kartmann – 2010
Production : Les Films d’Été
Financé par le Service de Coopération Décentralisé de la Région Centre et Les Films d’Été.
Pendant deux ans, le réalisateur à suivi un travail de coopération entre La Compagnie du Hasard en France et deux artistes de la région de Mopti au Mali. Ce film illustre la création théâtrale (mise en scène du rêve d’un jeune rappeur malien) pour évoquer les difficultés pour un artiste malien de venir en France mais aussi les difficultés de retour au pays.
Rdji à 20 ans, et même si c’était compliqué, il irait jusqu’aux États-Unis… Africain d’origine, Christian Kibongui Saminou, est le musicien de La Compagnie du Hasard : de retour en Afrique, il n’est plus africain.
Ce film n’est pas écrit, ce sont 45 minutes de rush où sont proposées au spectateur des impressions sur ce qu’induit un travail entre est et ouest ainsi qu’un road movie, une ballade au Mali juste à côté de la troupe et de leurs rencontres…
Personne de Frédéric Tétart | Intervenant : Maud Martin
Extrait de la note d’intention de l’auteur :
{{Le projet Personne est né d’une interrogation sur les représentations de la menace dans l’imagerie télévisuelle – le régime de peur permanente généralisée avait besoin de figures emblématiques pour l’incarner. Pendant toute la période qui suit le 11 septembre 2001, on a vu se multiplier grossièrement sur les écrans, une multitude de personnages sans visages, masqués, floutés, pixelisés, ombres anonymes aux statuts flous, prêts à l’emploi : victimes, bourreaux, agents secrets, terroristes, témoins…, apparaissant sous le sceau de secret dans le cadre d’un discours affirmatif sur la transparence et la vérité.
Dans le cadre d’un projet contrat-ville, j’ai proposé à des habitants d’un quartier périphérique du Mans de réfléchir avec moi sur ces représentations de la peur. Il me semblait que le discours qui préparait à l’élection présidentielle en France, les questions identitaires, la confusion des propos sur des groupes mal circonscrits, les tensions des banlieues que les télévisions relayaient sous la forme unique d’une entité anonyme (le jeune) pouvait faire l’objet d’une réflexion profonde. Dans ce but, j’ai organisé des rencontre en vue de revisiter l’histoire du visage absent, la longue tradition des représentations archaïques de la mort, de l’effroi, du sacré, du mystère dans la peinture, la photographie, le cinéma, le jeu vidéo…, de notre imaginaire collectif et commun. Parallèlement à ces rencontres, j’ai proposé à des participants de devenir modèles dans le cadre d’un projet photographique : Personne.
Avec le film Personne 1 : moon, je souhaite commencer à revisiter par la vidéo certaines de ces figures nées des photographies, de leur donner un corps, un temps, un espace, une voix. (…) Il s’agit ici de filmer en plan séquences, la chorégraphie écrite d’une de ces figures. Ce personnage masqué et costumé n’effectue pas une danse proprement dite, plutôt une suite répétitive d’actions, de poses et de mouvements qui sont les facettes de sa personnalité, ses métamorphoses, et qu’il adresse au spectateur.}}
La Lanterne de Dominique Maugars | Intervenants : Yvan Petit et Brice Kartmann
La Lanterne s’inscrit dans un travail commun entamé avec Dominique Maugars en 2003 pour la réalisation d’un film participatif avec un groupe de cheminots : Rue des Ateliers
Cette résidence s’articule autour de notre intérêt commun pour la transmission de l’histoire. En effet, Dominique nous a proposé un sujet sur les survivants de La Lanterne, un journal clandestin communiste en Touraine publié au début de la seconde guerre mondiale. Ainsi Marcel Douzilly, Max Morin, Roger Convard, Jacques D’hont et Rachel Goldsztajn-Berthet racontent comment La Lanterne sera distribuée à quelques centaines d’exemplaires jusqu’à juin 1942. Ils ont été les compagnons d’André Foussier (fusillé au camp du Ruchard) et d’Elisabeth Le Port (institutrice, décédée à Auschwitz) dans cette résistance par la diffusion des idéaux de liberté.
Cette résidence nous a permis de constater l’intérêt d’une phase d’écriture préalable pour un projet de ce type, à savoir un film historique à base d’entretiens. L’écriture d’un véritable scénario documentaire, ainsi que le dérushage papier et la retranscription intégrale des entretiens, ont permis à Dominique de penser son montage bien en amont de la phase proprement technique, et d’une certaine manière, de se libérer de l’histoire qu’il avait décidé de raconter pour se concentrer pendant le montage sur des questions de narration cinématographique : Qui prend en charge quelle part du récit ? Où faire des ellipses ? Quelle est la place de l’implicite, de la sensation, d’un regard ou d’un geste, dans un récit historique ? …
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Enfant immigré de Pépiang Toufdy | Intervenants : Maud Martin et Franck Lecardonnel
Pépiang Toufdy a été le premier réalisateur à être accueilli à Sans Canal Fixe.
Nous l’avions rencontré à l’occasion d’un atelier mené en 2006 au Foyer des Jeunes Travailleurs où il résidait à l’époque. Il avait participé à cet atelier et coréalisé un film avec deux autres résidents du foyer. Ce film, Lettre de l’étranger (voir Quand j’arrive à Tours), fut une vraie réussite. Immédiatement après la fin de l’atelier, Pépiang imagina un nouveau projet qui parlerait des demandeurs d’asiles, de leur situation en France et des raisons pour lesquels ils quittent leur pays. Un travail commun a alors commencé et s’est déroulé en plusieurs étapes :
– Écriture et préparation du film.
– Recherche de financement (soutien de la DDJS dans le cadre du programme « Envie d’agir » ainsi que de la fondation du Crédit Agricole.
– Tournage à Paris et à Tours.
– Montage, mixage et étalonnage.
– Édition DVD du film.
– 15 mars 2008 : première du film au Centre de vie du Sanitas à Tours.
– 21 mars 2008 : projection au Bateau Ivre à Tours suivie d’un concert.
Ainsi, le film Enfant immigré est né de cette collaboration. Mais pour Pépiang, ce film n’est pas une fin en soi. Il va porter son film comme on porte une parole, pour ouvrir un espace dans lequel il sera, pour une fois, considéré pour lui-même, pour le travail qu’il aura fait et non plus uniquement pour son statut politique.
Pour plus de renseignements, contactez l’association créée par Pépiang Toufdy, Prod’cité