ÇA VA OU BIEN ?! #4 : « Il était une fois dans l’Ouest »
Catégorie : Diffusions mensuelles
ÉDITO :
20 ans se sont écoulés depuis la création de Sans Canal Fixe. Au départ outil “collaboratif” (comme on dit aujourd’hui) de lutte, par le regard documentaire, contre les enchantements du petit écran, “Sans Canal” a fini par faire le choix du cinéma avec une idée “Fixe” : imaginer et fabriquer des films grâce à des modes de production alternatifs et non-marchands. Puis les montrer dans des lieux publics, en rime ou en prose avec d’autres oeuvres inspirantes, ou partageant un point de vue plus ou moins décalé porté sur un monde qui se désenchante à la vitesse de la lumière.
Car en 2019, est-il encore possible de “semer demain si le monde vient à sa fin ?” (Judith Cahen et Masayasu Eguchi) ? Les cinéastes qui reluquent la cata en cours à (bonne) distance sont-ils pour autant attentistes, parce que le geste documentaire prend le temps de l’observation, alors que le fond de l’air actuel sent la panique et que tous les voyants sont au rouge vif ? Face à la logique de l’effondrement global, le cinéma documentaire, tel que nous l’aimons et le pratiquons encore, tente de résister.
En portant témoignage des formes de vie qui continuent, à bas bruit, dans les marges d’une mondialisation pas très heureuse, de Fukushima à Berne, de Canton à Riga, de Notre-Dame-des-Landes à la Waddenzee.
En collectant des traces de l’époque pour les adresser à ses contemporains, aux générations suivantes. Si “la réalité (du présent) est le futur du passé” (Huang Weikai), les images documentaires peuvent tracer les chemins de la résilience et accompagner les combats d’aujourd’hui.
SÉANCE IV : « IL ÉTAIT UNE FOIS DANS L’OUEST »
Mercredi 15 janvier | 19h
Médiathèque François Mitterrand | Entrée libre
2, esplanade François Mitterrand 37000 TOURS
Pour cette nouvelle séance, nous vous présentons 3 films courts, politiques et poétiques, réalisés par les Scotcheuses, collectif de cinéma artisanal qui doit son nom aux petits objets mécaniques qui servent à découper et scotcher la pellicule pour le montage d’un film. Leur credo : « Partir et voyager. Utiliser la caméra super-8. Inventer un cinéma horizontal, joyeux et partagé. Filmer en one-shot. Développer et monter sur place pour affirmer une façon collective d’être au monde. »
Au programme :
Anomalies (France, 2013, 20 min)
Ciné-tract tourné, développé et monté dans les causses du Tarn avec des éleveurs de brebis luttant contre les contraintes et les contrôles imposés sur leur troupeau et leur ferme.
Et deux films réalisés avec les habitant.es de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes :
Sème ton western (France, 2014, 25 min)
Une barricade animée se transforme en lieu de vie et de fête, une chevauchée fantastique à vélo, un défilé kolkhozien de tracteurs, des semeuses à la volée, des courses poursuites, des effets pyrotechniques, les jeux de jambes extraordinaires de Calamity Dié sur les chicanes de la D 281, des streumons, des keutrus et des tritons crêtés à l’orée du bois…
No ouestern (France, 2015, 25 min)
Deux auto-stoppeuses et une chambre à air de tracteur débarquent sur une terre libérée. On dirait une fiction mais il n’y a pas vraiment d’intrigue. On dirait la ZAD de Notre-Dame des Landes mais ça pourrait être ailleurs. On dirait que ça se passe maintenant, mais il y a comme des accents pré-capitalistes… Et de mystérieuses créatures venues d’on ne sait où. Le Collectif poursuit son travail politique et poétique et trace le récit des inventions réelles et imaginaires révélées par cet espace.