Festival Sans Canal Fixe sa toile – du 2 au 5 octobre 2014
Catégorie : Autres événements
Pour la deuxième année consécutive, Sans Canal Fixe a sélectionné des films documentaires particulièrement inventifs et jubilatoires, pour la plupart inédits. Avec au programme : Bollywood dans une supérette, des familles recomposées et décomposées, de vrais super-méchants, et pour clore ce bref panorama du « réel » : une fin du monde qui n’a pas eu lieu…
Jeudi 2 octobre – Le Temps Machine – 20h
DAYANA MINI MARKET un film de Floriane Devigne (France, 2012, 54 minutes)
PROJECTION SIMULTANÉE EN PLEIN AIR SUR LA FAÇADE ET DANS LE CLUB DU TEMPS MACHINE.
EN PRÉSENCE DE LA RÉALISATRICE (SOUS RÉSERVE)
Quand l’équipe du Temps Machine nous a proposé d’organiser un drive-in, la réaction fut unanime : « banco ! » Depuis 15 ans, Sans Canal Fixe aime en effet projeter des films dans des endroits un peu « louches ». Par exemple, notre dernier « drive », en 2008, se déroulait sur le parking d’un hypermarché avec La Genèse d’un repas de Luc Moullet… une expérience ironique et hors du temps que nous rêvions de répliquer. Or c’est dans une supérette de quartier, plus précisément le « Dayana Mini Marché », du nom de la fille cadette d’une famille tamoule établie à Paris, que nous avons trouvé des harmonies inattendues avec ce lieu dédié aux musiques actuelles : pendant un an, Floriane Devigne, ex-comédienne passée derrière la caméra, a filmé la vie chahutée de ses voisins, les Kamalanathan, expulsés de leur logement et contraints de vivre dans les locaux exigus de leur magasin. Mais aux antipodes d’une chronique misérabiliste attendue, la réalisatrice de Dayana Mini Market pimente son récit de « clips » hauts en couleur, dans lesquels les protagonistes dansent et chantent leurs malheurs quotidiens sur des compositions de Mathias Duplessy, qui travaille, entre autres, pour…le cinéma bollywoodien. Les Kamalanathan se révèlent ainsi être les dignes héritiers des « golden voices » indiennes – Lata Mangeshkar et sa sœur cadette Asha Bhosle… (encore une histoire de famille !) et leur complice, Floriane Devigne, signe un chutney documentaire en forme de comédie musicale décalée. Histoire de savourer pleinement cette expérience filmique iconoclaste, le film sera montré en double-projection simultanée sur la façade du Temps Machine – dépouillée pour l’occasion de sa fameuse Bubble clock – et dans le Club. Heureux spectateurs/trices, vous pourrez donc, au choix, être confortablement installés dans votre voiture (attention, nombre de places limité !) ou affalés sur un transat dans une super salle de concert… On vous attend de pied ferme !
Restauration prévue sur place. Bar aux tarifs du Temps Machine
Vendredi 3 octobre – au VOLAPÜK
Soirée « Mon meilleur ennemi »
Ici, filmer son ennemi consiste à se donner à lui : le dénoncer, oui, mais en évitant tous les travers et les facilités du
documentaire «à charge». La méthode : aller vivre carrément à ses côtés, être son égal pour amorcer un débat. La caméra ne sera pas intrusive mais témoin du match. La bataille sera dialectique, sans provocation aucune : il s’agit de répondre à l’obscurantisme par les armes de la raison, avec finesse et intelligence. Faire surgir les contradictions du discours, les failles dans la pensée de l’autre. Avec pour seules armes : une caméra, un esprit libre, beaucoup d’humour et surtout… une patience infinie. 2 films qui se jouent des codes de la télévision, en l’occurrence le reportage «en immersion» et la télé-réalité, et des hommes politiques qui se prêtent totalement au jeu, bons clients – mais VRAIS méchants de cinéma.
18h – ER/ICH, un film de Karin Bachmann (Suisse, 2013, 40 minutes)
« Erich Hess, le président des jeunes UDC Suisses, est un politicien de la droite dure, et c’est mon ennemi. Il tente d’expulser tous les étrangers de Suisse, moi je m’engage pour les sans-papiers. Il veut fermer mon centre culturel autonome, moi je veux faire interdire son parti. Il trouve que je suis une terroriste, et en effet, j’aimerais beaucoup le terroriser. Il m’est étranger, alors… suis-je xénophobe, comme lui ? C’est une idée absurde. Mais sur le terrain des idéologies politiques plein de choses me paraissent absurdes. Alors j’ai pris ma caméra, et je suis allée à sa rencontre. » Karin Bachmann
21h – IRANIEN un film de Mehran Tamadon (France/Suisse, 2013, 105 minutes)
Grand Prix – Festival Cinéma du Réel, Paris, 2014.
Sortie nationale le 3 décembre
AVANT-PREMIÈRE
EN PRÉSENCE DU RÉALISATEUR
Mehran Tamadon est un réalisateur iranien athée, laïc et démocrate. Il est donc forcément un opposant politique au régime de son pays. Mais un opposant particulièrement original – et tenace. Établi en France, il retourne régulièrement en Iran à ses risques et périls tenter de convaincre des représentants du pouvoir de débattre avec lui et filmer leurs échanges. Déjà, il avait réussi à faire baisser la garde à quelques Gardiens de la Révolution (Bassidji, 2009). Après 3 ans d’efforts, 4 religieux ultra-conservateurs acceptent de passer 2 jours avec lui dans la maison de campagne de sa mère. Une seule règle : chacun respecte l’autre et le salon appartient à tous – c’est l’espace du vivre ensemble et de l’expression libre. Se montrant de prime abord plutôt affables et curieux, les mollahs acceptent de discuter démocratie, liberté d’expression et place de la femme. Ou comment, d’un concept venu tout droit de la télé-réalité, une utopie concrète se fait jour, aussi fragile et éphémère soit-elle. Mais Mehran Tamadon n’est pas au bout de ses peines…
Bar proposé sur place tout au long de la soirée
SAMEDI 4 OCTOBRE – AU VOLAPÜK – soirée « Familles au bord de la crise de nerfs »
21H
Les rapports parents-enfants, c’est déjà compliqué. Alors quand un réalisateur décide de prendre sa caméra et de faire un film sur ses propres géniteurs… Si Charles Fairbanks attend jusqu’à l’absurde qu’il se passe quelque chose, Patricia Mortagne, elle, tente de contenir des flots déchaînés. Attention à la casse.
PIONEERS un film de Charles Fairbanks (États-Unis/Belgique, 2009, 30 minutes)
Pour Charles Fairbanks, réalisateur et catcheur professionnel (oui, oui), faire un film sur ses parents équivaut à se retrouver seul sur un ring en présence de deux poids lourds. Revenir dans la maisonnée familiale perdue au fin fond du Nebraska, c’est s’infiltrer en territoire ennemi. Et filmer père et mère… est un combat inégal et perdu d’avance. Pioneers, c’est aussi un portrait de cette Amérique des origines, ou plutôt ce qu’il en est advenu. C’est aussi un film belgo-étasunien, au passage, c’est si rare qu’il faut le souligner. L’Américain Charles Fairbanks a fait ses études de cinéma en Belgique et cela se voit. Il partage avec nos voisins d’outre-quiévrain un certain regard sur le monde qui l’entoure – acéré et pince-sans-rire, et une propension à capter tout ce qui à trait à l’absurde.
CET HOMME-LÀ (EST UN MILLE-FEUILLE) un film de Patricia Mortagne (France, 2011, 52 minutes)
Xavier, le père de la réalisatrice, a eu 3 enfants avec Dominique. Il la quitte pour un homme, François, qu’il remplace ensuite par Guillaume. Guillaume est aussi plus jeune… que les enfants de Xavier et Dominique. Mais Dominique et François… n’ont pas vraiment quitté Xavier. En fait, tout le monde cohabite dans la ferme normande qu’avaient acheté Xavier et Dominique lorsqu’ils étaient en couple. Vous suivez ? Tous les éléments sont réunis pour une explosion familiale en bonne et due forme. Sauf que le compte-à-rebours s’est mystérieusement arrêté… au mépris du bon sens. Cet homme-là (est un mille-feuille), c’est la chronique d’un attachement à un homme qui défie l’imagination. Les ombres de Pedro Almodóvar et de Claude Chabrol ne sont pas loin. Patricia Mortagne est allée interroger sa drôle de tribu dominée par un pater familias d’un nouveau genre, et chacun se livre sans ménagement dans ce film dont l’énergie communicative semble avoir eu des effets jusque sur la bande originale. Joyeusement country, elle est signée par Arman Méliès, artiste surtout connu jusqu’ici pour son univers musical sombre et mélancolique. Elle parachève de donner au film des allures de western familial. Ciné-cure ?
Bar proposé sur place tout au long de la soirée
DIMANCHE 5 OCTOBRE – au VOLAPÜK
11h – CINÉ-BRUNCH
EUGÈNE GABANA LE PÉTROLIER un film de Jeanne Delafosse et Camille Plagnet (France, 2014, 59 minutes)
Eugène a 20 ans, aime les virées en moto avec ses amis et a toute la vie devant lui. Mais il Il doit faire avec ce qu’elle lui a imposé : être bossu et habiter un pays très pauvre. Alors Eugène est une grande gueule et un petit un roi de la débrouille. Aux frontières de la fiction, un portrait de la jeunesse de Ouagadougou qui galère. Comme dans Dayana Mini Market (programmé jeudi soir), la démarche est belle et vivifiante : éviter tout misérabilisme, impliquer les personnes filmées dans le processus de création – et faire du cinéma, tout simplement.
Petite restauration prévue sur place.
17H – AVANT-PREMIÈRE DU DERNIER FILM SCF !
Pour terminer en beauté, SCF vous propose la toute première projection publique du dernier film produit par le collectif, MONTS & MERVEILLES. Cédric Michel a assisté à la dernière fin du monde en date (21 décembre 2012) et nous livre un témoignage halluciné dans la pure tradition du cinéma direct. Avec, en première partie, un dernier petit chutney cinématographique. Enjoy !
MONTS & MERVEILLES un film de Cédric Michel
France, 2014, 45 minutes
Production : Sans Canal Fixe et Bandits Mages.
EN PRÉSENCE DU RÉALISATEUR.
«Souvenez-vous: le calendrier maya annonçait la fin du monde pour le 21 décembre 2012. Une rumeur prétendait que le pic de Bugarach serait épargné par le cataclysme. A la différence du Déluge de Noë, ce désastre-là s’est déroulé devant les caméras du monde entier. Y compris la mienne : le jour fatidique, j’étais au pied du mont pour attendre, comme tout le monde, la fin de ce monde absurde».
Cédric Michel
en première partie > WHERE I CAN’T BE FOUND un film de Arjun Talwar
Inde/Pologne, 2013, 16 minutes
4 à 5 millions d’Indiens sont des « sâdhus ». Ils ont renoncé à toute possession pour se consacrer au but ultime de la vie selon l’hindouisme : briser le cycle des réincarnations et se dissoudre dans le divin. Souvent, c’est pour fuir une situation inextricable – et disparaître. Arjun Talwar filme une journée dans le monde parallèle d’un ermite. Un premier film plein de malice, ancré dans les paysages aux couleurs chatoyantes de l’Inde du sud.
DU 3 AU 5 OCTOBRE – AUX HORAIRES DES PROJECTIONS
Exposition
EXPIRATION une installation de Stéphanie Letessier
4 dispositifs avec projection vidéo
(136 cm de haut x 110x 30)
2014
« Ces dispositifs ne fonctionnent que grâce à la participation du spectateur, qui est invité à venir créer une buée en expirant sur la surface en plexiglas. Celle-ci fait écran et permet à l’image projetée de devenir visible… le temps qu’elle ne s’évapore. »
INFORMATIONS PRATIQUES
RENSEIGNEMENTS / RÉSERVATIONS
02.47.05.24.78
www.sanscanalfixe.org
TARIFS
Soirée ciné drive-in au Temps Machine : entrée libre
Projections au Volapük : 2€ / 4€ – pass 3 jours : 6€ / 12€
(+adhésion obligatoire : 1€)
LES LIEUX DU FESTIVAL
Le Temps Machine : Parvis Miles Davis 37300 Joué-lès-Tours
Le Volapük : 12, bis rue Lobin 37000 Tours
Cette manifestation bénéficie du soutien logistique des services municipaux de la Ville de Joué-lès-Tours et de la Ville de Tours.