Mensuelle de juin 2014 : La vie est ailleurs, un film d’Elsa Quinette
Catégorie : Diffusions mensuelles
Mardi 3 juin 20h30
A L’instant Ciné, 3 rue Bernard Palissy à Tours
Séance proposée par l’atelier de programmation
Entrée libre
« Bienvenue, humains ! » murmurait la voix robotique du Disneyland d’Arnaud Des Pallières (2000). En portraiturant ce no man’s land artificiel, le cinéaste levait les masques bienveillants qui peuplent l’enfance standardisée pour faire émerger la figure grimaçante des marchands de rêve américains. Qui portraiture, « torture » le visage familier du monde. Qui le dévisage, en vient à défigurer le « déjà-pensé-mis-en-forme », apanage du monde unidimensionnel proposé par la télévision. Transpercer les images « sans qualité » produites en série, pour retrouver des visages, des figures, des présences; imaginer des formes sensibles qui rendent visible ce qui ne l’est pas à première vue ; enfin, faire « boiter » le réel, en refusant d’être son double mimétique : telle est la vocation du cinéma du réel que Sans Canal Fixe s’efforce de montrer dans le cadre des projections mensuelles. Comme l’an passé, ce cycle autour du portrait documentaire sera en partie préparé par un atelier de programmation ouvert à tous les non-professionnels du cinéma et composé d’une dizaine de résidents de l’agglomération tourangelle.
La vie est ailleurs
Un film d’Elsa Quinette
(France, 2011, 58 minutes)
Hommage amer de la misère comme nécessité.
Une femme démunie, des visages de détresse. Faites comme chez vous, restez, vous êtes filmés!
Deux approches sur le chemin de la mort. En France, Baboussia, la grand-mère de la réalisatrice Elsa Quinette. En Inde, des visages… des figures collectées, filmées en présence du frère de la réalisatrice.
Une caméra dérangeante. Un chemin vers la mort grinçant. Un fils insistant. Une mort ritualisée, où l’expression des visages est filmée sans retenue.
Mais que reste t-il de la dignité d’un homme démuni quand une caméra s’empare de sa détresse ?
Qui sont ces visages? Comment l’œil, s’emparant de la misère, devient l’œil du voyeur? Qui de l’homme à la caméra, de l’homme qui défie la caméra, se rassasie à la vue de l’autre ? Ce ne sont pourtant pas des fantômes, ni des mirages. Ils ne sont pas morts.
« Ni une sagesse, ni une pratique, une suite d’éblouissements. » (Jean-Pierre Rehm, FID Marseille 2011)
Elsa Quinette est une réalisatrice française née en 1972. Elle fait d’abord des études de littérature et d’ethnologie et travaille à la Maison de Radio France comme journaliste pendant cinq ans. Après avoir étudié le cinéma documentaire aux Ateliers Varan, elle réalise son premier film La vie est ailleurs, accueilli en résidence à Périphérie et sélectionné au FID, festival international de cinéma de Marseille en 2011.