Mensuelle de novembre 2013 : Hitler… connais pas !
Catégorie : Diffusions mensuelles
Mardi 5 novembre – 20h30
au Café-Comptoir Colette, 57 quai Paul Bert à Tours
« Bienvenue, humains ! » murmurait la voix robotique du Disneyland d’Arnaud Des Pallières (2000). En portraiturant ce no man’s land artificiel, le cinéaste levait les masques bienveillants qui peuplent l’enfance standardisée pour faire émerger la figure grimaçante des marchands de rêve américains. Qui portraiture, « torture » le visage familier du monde. Qui le dévisage, en vient à défigurer le « déjà-pensé-mis-en-forme », apanage du monde unidimensionel proposé par la télévision. Transpercer les images « sans qualité » produites en série, pour retrouver des visages, des figures, des présences ; imaginer des formes sensibles qui rendent visible ce qui ne l’est pas à première vue ; enfin, faire « boiter » le réel, en refusant d’être son double mimétique : telle est la vocation du cinéma du réel que Sans Canal Fixe s’efforce de montrer dans le cadre des projections mensuelles. Comme l’an passé, ce cycle autour du portrait documentaire sera en partie préparé par un atelier de programmation ouvert à tous les non-professionnels du cinéma et composé d’une dizaine de résidents de l’agglomération tourangelle.
HITLER… CONNAIS PAS !, un film de Bertrand Blier
France – 1963 – 87 minutes
Le nom de Bertrand Blier (Les Valseuses, Préparez vos mouchoirs, Trop belle pour toi…) est lié à la fiction. Qui se souvient que son premier long métrage, réalisé en 1963 à l’âge de 23 ans, fut un documentaire ? Son projet : proposer un instantané de sa génération. 11 filles et garçons qui ont ou vont avoir 20 ans en 1963, issus de milieux sociaux différents, sont filmés séparément en studio par 3 caméras, sous le feu des projecteurs, tels des célébrités. Lycéen, ouvrier, mannequin, repris de justice, mère célibataire ou fils de patron, ils aborderont leur enfance, la famille, l’école, le travail, l’argent, l’amour, la sexualité…
Blier, préférant « le spectacle à l’enquête », confronte ces témoignages, et pose un regard corrosif sur cette France profondément matérialiste et amnésique (d’où le titre provocateur du film qui n’est en aucun cas une citation). Mai 68 n’est pas encore arrivé et pourtant la parole est libre, parfois crue : le film fut interdit aux moins de 18 ans et retiré de la sélection du festival de Cannes. Hitler… connais pas ! apparaît définitivement comme la matrice des films suivants du réalisateur.